On ne sait pas si c'est du lard ou du cochon ! ! !
La vieille qui graissa la main du chevalier (auteur inconnu)
Pour vous amuser un peu, je voudrais vous raconter l'histoire d'une vieille femme qui avait deux vaches qui étaient sa seule ressource du moins à ce que j'ai lu.
Un jour, ses vaches s'échappèrent et le prévôt, les ayant trouvées, les fit mener chez lui. Quand la brave femme l'apprit, elle alla le voir et le pria de les lui rendre. Elle le supplia mais rien n'y fit, car le prévôt, qui était un triste sire, se moquait éperdument de tout ce qu'elle pouvait lui dire.
"Par ma foi, dit-il, ma bonne vieille, payez-moi d'abord ce que vous me devez avec les beaux deniers que vous cachez dans un pot!"
La brave femme s'en revint alors la tête basse, triste et bien contrite. Elle rencontra sa voisine, Hersant, et lui conta son histoire. Hersant lui nomma un chevalier et lui conseilla d'aller parler à ce grand seigneur: qu'elle lui parle poliment, sagement et avec respect; si elle lui graisse la patte, il lui fera retrouver ses vaches sans avoir à payer de dédommagement.
La bonne vieille, qui n'y entend pas malice, prend un morceau de lard et vient rouver le chevalier qui se trouvait devant sa maison. Par aventure, le chevalier avait les mains croisées dans le dos. La vieille s'approche par-derrière et lui frotte la main avec son lard. Quand celui-ci sent qu'on lui graisse la main, il se retourne et regarde la vieille.
"Bonne femme, que fais-tu là?"
"Sire, au nom de Dieu, pardonnez-moi: on m'a dit de venir vous trouver et de vous graisser la patte et que, si je faisais cela, je pourrais récupérer mes vaches sans rien avoir à payer."
"Celle qui t'a dit cela voulait dire tout autre chose; mais tu n'y perdras rien pour attendre: tu retrouveras tes vaches sans rien avoir à payer et de plus je te donne un bon pré bien herbeux."
J'ai raconté cette anecdote pour montrer l'attitude de ceux qui sont puissants et fortunés et qui sont souvent fourbes et déloyaux; ils vendent leur parole et leur conscience et se moquent de la justice. Chacun ne songe qu'à amasser: le pauvren'a gain de cause que s'il paie.
Médiévalement vôtre.